Comment l’or facilite la transmission d’un héritage et limite l’impact fiscal d’une succession ?
L’or fascine l’humanité depuis des millénaires, des pharaons égyptiens aux chercheurs d’or...

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Parmi toutes les pièces d’or qui circulent sur le marché de l’investissement, le souverain britannique occupe, en effet, une place absolument unique. En effet, cette pièce dorée, frappée à l’avers du portrait du monarque britannique régnant et au revers de Saint Georges sur son cheval, terrassant un dragon, représente bien plus qu’un simple placement financier. Symbole de la puissance de l’Empire britannique à son apogée, elle fait la fierté du peuple et continue aujourd’hui encore d’attirer les investisseurs du monde entier.
Grâce aux qualités exceptionnelles de son alliage Crown Gold 22k et à la précision de sa frappe, elle s’est imposée comme une monnaie de référence à l’échelle mondiale, au point d’être surnommée la « chief coin of the world », soit en français la pièce de référence mondiale.
S’intéresser à l’histoire du souverain, c’est plonger dans une aventure fascinante qui nous mène des premières frappes sous Henri VII, jusqu’aux ateliers modernes de la Royal Mint, tout en traversant une bonne partie de l’histoire moderne britannique.
L’histoire du souverain commence véritablement en 1489, à une époque où l’Angleterre sort tout juste de la terrible guerre des Deux-Roses. Ce conflit sanglant entre la maison royale de Lancastre et la maison royale d’York a été résolu par l’union des deux lignées en 1485 par le mariage d’Henri VII Tudor et d’Élisabeth d’York. Henri VII, soucieux d’affirmer sa souveraineté, décide alors de frapper une nouvelle monnaie d’or prestigieuse.
Cette première version du souverain est alors la plus grande pièce d’or jamais produite en Angleterre. Frappée jusqu’en 1543 dans un somptueux alliage d’or à 23 carats, d’un diamètre magistral de 42 millimètres et pesant 15,55 grammes, cette pièce incarnait la magnificence et la puissance monétaire du royaume britannique.
Même son nom, « Sovereign », c’est-à-dire celui qui détient l’autorité suprême, révèle combien Henri VII cherchait à asseoir la légitimité de sa dynastie et à imposer son image comme celle d’un monarque puissant. En faisant frapper cette pièce à son effigie, il ne se contentait pas de créer une monnaie nouvelle, il diffusait son visage et son titre à travers tout le royaume, transformant ainsi une pièce d’or en instrument de propagande monarchique.

Sur l’avers du souverain originel, Henri VII apparaît assis sur son trône, tenant l’orbe et le sceptre, symboles du pouvoir royal. L’orbe, surmonté d’une croix, représente la sphère terrestre dominée par le Christ afin d’illustrer le mandat céleste conféré au roi, qui affirme ainsi que son autorité procède de la volonté divine. Le sceptre exprime quant à lui l’autorité politique et judiciaire du souverain et il est surmonté d’une fleur de lys qui est à la fois le symbole de la pureté, de la trinité et le sceau visuel de la légitimité monarchique française. Ces deux attributs rappellent que la mission d’Henri VII est de gouverner sur l’Angleterre et de rendre justice en vertu d’un pouvoir à la fois terrestre et sacré.
Ce sens est d’ailleurs explicité par la légende, avec l’inscription latine « Henricus Dei Gratia Rex Angliae et Franciae Dominus Hiberniae », qui proclame qu’Henri VII règne par la grâce de Dieu sur l’Angleterre, la France et l’Irlande, affirmant ainsi la continuité des prétentions anglaises sur la couronne française et la nature sacrée de son autorité.
Le revers affiche quant à lui les armoiries royales entourées d’une rose Tudor afin de symboliser la réconciliation entre les maisons de Lancastre et d’York. Le nouveau blason est entouré par la citation évangélique « IHS autem transiens per medium illorum ibat » soit en français Mais Jésus, passant au milieu d’eux, s’en alla, qui est une formule protectrice, conférant à la monnaie une dimension spirituelle. Comme le Christ échappant à la foule hostile de Nazareth après avoir affirmé son statut de prophète dans la synagogue, Henri affirme son autorité et traverse l’hostilité de son époque, non par la force des armes seules, mais par la confiance dans son destin supérieur.
Par la suite, l’atelier royal s’attela à perfectionner la qualité technique de la frappe et le style iconographique. Ainsi, peu après 1492, une nouvelle version du souverain nommée type II introduit une série d’ajustements destinés à renforcer la majesté de la figure royale. À l’avers, le trône devient plus fin et une tapisserie de fleurs de lys fait son apparition en arrière-plan. Cette gravure témoigne d’un raffinement croissant dans le travail du burin, permis par une meilleure maîtrise de la préparation des coins monétaires. Les contours sont plus nets, la couronne plus élaborée, le manteau royal richement drapé. Au revers, la double rose prend plus de place au détriment du blason royal, marquant ainsi l’affirmation de la dynastie Tudor.
Au total, le souverain Henri VII connaîtra cinq versions différentes qui montreront l’évolution physique du roi d’Angleterre et l’affinement des techniques de gravure. Le remplacement des matrices usées par de nombreuses frappes, permet également de maintenir la qualité et donc d’éviter l’introduction de contrefaçons.

Au début de son règne, Henri VIII conserve presque à l’identique le modèle du souverain créé par son père avec le même trône gothique, les mêmes symboles du sceptre et de l’orbe, la même légende latine proclamant la royauté « par la grâce de Dieu ». Toutefois, la gravure évolue subtilement car le roi y fait désormais apposer son propre visage. Cette fidélité iconographique traduit la volonté de continuité dynastique d’Henri VIII, jeune monarque de dix-huit ans, qui cherche à s’inscrire dans l’autorité restaurée par son père après les guerres civiles.
Mais au tournant des années 1520, la monnaie anglaise souffre d’un déséquilibre de valeur par rapport aux pièces d’or européennes comme le ducat vénitien, le florin de Florence ou l’écu français. En effet, le souverain est alors composé d’un alliage d’or très pur de 23 carats qui vaut davantage que les monnaies étrangères. Les marchands et changeurs ont donc tout intérêt à faire fondre les souverains ou à les exporter plutôt qu’à les utiliser dans les échanges intérieurs, car leur métal se revend plus cher ailleurs. Cette fuite d’or provoque une raréfaction de la monnaie en Angleterre, ce qui perturbe le commerce.
Henri VIII comprend qu’il doit aligner la valeur de sa monnaie sur les standards européens pour stopper cette hémorragie. En 1526, il fait donc frapper les nouvelles pièces de 33 millimètres en crown gold, un alliage à 22 carats, un peu moins pur mais plus robuste, afin que les souverains aient une valeur équivalente aux pièces étrangères. En abaissant la taille de la pièce et sa teneur en or fin de 95,83% à 91,67%, il empêche qu’on les fonde pour en tirer profit et rétablit la stabilité des échanges commerciaux.
Cependant, si cette première réforme monétaire répond à un enjeu économique, les décennies suivantes vont soumettre le système monétaire anglais au défi des besoins financiers colossaux de la politique d’Henri VIII. Sa rupture avec Rome en 1534, officialisée par l’Acte de Suprématie, entraîne l’excommunication du roi et l’isolement de l’Angleterre face aux grandes puissances catholiques d’Europe. Pour asseoir son autorité et financer ses campagnes militaires contre la France et l’Écosse, Henri VIII a besoin de ressources immenses. À partir de 1542, la teneur en métal précieux des pièces anglaises est régulièrement réduite, parfois de manière spectaculaire, pour permettre à la monarchie de frapper davantage de monnaie avec la même quantité d’or ou d’argent. Si le souverain d’or échappe à cette dévaluation, il est tout de même frappé de manière moins régulière et perd progressivement son rôle central dans le système monétaire.

Édouard VI n’a que 9 ans quand il devient roi en 1547 à la mort de son père et comme il est beaucoup trop jeune pour gouverner seul, ce sont d’autres personnes qui dirigent à sa place et héritent des graves problèmes créés par Henri VIII. La situation qu’ils découvrent est catastrophique car la Grande Dévaluation continue de miner la confiance du peuple dans la monnaie, la valeur des pièces baisse, les prix flambent et les échanges se grippent.
Face à cette catastrophe économique qui risque de plonger l’Angleterre dans le chaos, le gouvernement prend en octobre 1551 une décision courageuse de lancer une grande réforme pour sauver le système monétaire. La pureté des autres pièces d’or est progressivement alignée sur celle du souverain avec un standard de 22 carats qui s’appelle le crown gold. Cependant, bien que le souverain serve de référence en matière de qualité, il n’est presque plus frappé au profit de pièces plus courantes comme l’Angel ou la Crown d’or.
Les souverains de cette époque montrent le jeune roi à l’avers avec l’inscription latine « EDWARD VI D G AGL FRA Z HIB REX » soit en français « Édouard VI, par la Grâce de Dieu, roi d’Angleterre, de France et d’Irlande ».
Les souverains d’or d’Édouard VI sont aujourd’hui très rares car peu d’exemplaires ont été frappés et beaucoup ont été refondus lors des réformes suivantes. Les quelques pièces survivantes atteignent donc des prix élevés sur le marché, car elles témoignent d’une période courte mais décisive de l’histoire monétaire anglaise.

L’accession de Marie Iʳᵉ au trône en 1553 marque un tournant sans précédent dans l’histoire du souverain. Pour la première fois, une femme règne pleinement sur l’Angleterre et son visage doit apparaître sur cette prestigieuse pièce d’or. Cette nouveauté pose un défi aux graveurs de la Royal Mint qui doivent inventer une iconographie royale capable d’exprimer l’autorité d’une reine tout en respectant les codes de la féminité de l’époque.
Mais Marie n’est pas seulement la première reine régnante d’Angleterre, elle est aussi une catholique fervente, déterminée à ramener son royaume dans le giron de Rome après les ruptures de son père et de son frère. L’inscription latine sur ses souverains proclame « MARIA D G ANG FRA Z HIB REGINA » soit en français « Marie, par la Grâce de Dieu, reine d’Angleterre, de France et d’Irlande » dans la continuité des frappes des années précédentes.

Quand Élisabeth Iʳᵉ monte sur le trône en 1558, l’Angleterre est un pays divisé et épuisé par trente ans de tensions religieuses. Dès le début de son règne, elle restaure l’Église d’Angleterre fondée par son père Henri VIII et réaffirme que le monarque est chef suprême de cette Église. Cette idée se reflète sur les souverains avec l’inscription latine « ELIZABETH D G ANG FRA ET HIB REGINA » qui reprend la formule traditionnelle.
Le souverain est encore frappé au début de son règne, mais il cesse progressivement de jouer un rôle central car il est trop lourd et trop précieux pour les échanges courants. Il est donc éclipsé par des pièces d’or plus pratiques comme l’Angel valant 10 shillings ou la Crown d’or d’une valeur de 5 shillings. Sous Élisabeth, le Sovereign s’éteint discrètement, avant de disparaître complètement quelques années plus tard sous Jacques Ier, qui le remplace en 1604 par l’Unite. La disparition du Sovereign coïncide avec la fin de la dynastie Tudor, avant de renaître bien plus tard dans un royaume transformé.

L’année 1817 marque un tournant décisif dans l’histoire du souverain car la Grande-Bretagne, victorieuse des guerres napoléoniennes, mais économiquement affaiblie, entreprend une vaste réforme de son système monétaire appelée la Grande Refonte de 1816. Le gouvernement adopte officiellement l’étalon-or, c’est-à-dire un système où la monnaie est directement convertible en or à un taux fixe et immuable. Dans ce contexte, le souverain réintroduit devient la pièce d’or de référence, avec une valeur faciale d’une livre sterling.
Cette standardisation permet d’établir une confiance absolue dans la monnaie britannique, qui devient progressivement la devise de référence du commerce international. Les premières frappes de cette nouvelle série sont réalisées à la Royal Mint de Londres et la technologie de frappe s’est considérablement améliorée depuis l’époque Tudor, permettant une production en masse tout en maintenant une qualité et une précision exceptionnelles.
Le souverain moderne se distingue par des caractéristiques techniques remarquablement stables depuis 1817, ce qui contribue grandement à sa réputation de fiabilité. La pièce mesure exactement 22 millimètres de diamètre pour une épaisseur d’environ 1,5 millimètre et son poids total est de 7,988 grammes, dont 7,3 grammes d’or pur. Le souverain moderne est composé à 91,67% d’or pur, 8% de cuivre et de 0,33% d’argent.
Ce choix n’est pas anodin car l’alliage à 22 carats offre un équilibre parfait entre pureté et résistance. L’ajout de cuivre donne au souverain une teinte légèrement rosée caractéristique qui le distingue immédiatement des pièces en or pur, comme la Maple Leaf canadienne. Cette standardisation rigoureuse explique en grande partie pourquoi le souverain demeure aujourd’hui l’une des pièces d’investissement les plus prisées du marché international de l’or.
L’une des raisons pour lesquelles le souverain fascine tant les collectionneurs et les investisseurs réside dans la beauté et la profondeur symbolique de ses gravures. L’avers de la pièce présente systématiquement le portrait du monarque britannique régnant. Cette tradition permet de dater immédiatement chaque pièce et de créer une galerie de portraits royaux traversant deux siècles d’histoire.

Sous George III, la Royal Mint relance le souverain dans le cadre du nouveau système monétaire de l’étalon-or.
La pièce, entièrement redessinée par le talentueux graveur italien Benedetto Pistrucci, affiche au revers la célèbre figure de Saint Georges terrassant le dragon, une image de courage et de victoire qui deviendra instantanément l’emblème du souverain moderne. Cette scène dynamique, où le saint patron de l’Angleterre monte un cheval cabré et plonge sa lance dans la gueule de la bête, symbolise bien plus qu’une simple légende religieuse, elle incarne le triomphe de la Grande-Bretagne sur Napoléon, la victoire du bien sur le mal, de l’ordre britannique sur le chaos européen.
À l’avers, le portrait de George III inaugure une nouvelle tradition avec l’inscription latine « GEORGIUS III D G BRITANNIAR REX F D », signifiant « George III, par la grâce de Dieu, roi des Britanniques, Défenseur de la Foi ». Cette formule marque une évolution subtile mais importante car le titre n’est plus seulement « Rex Angliae » soit roi d’Angleterre comme sous les Tudor, mais « Rex Britanniar » soit roi des Britanniques, reflétant l’union politique de l’Angleterre, de l’Écosse et de l’Irlande sous une seule couronne.
Dès sa mise en circulation, le souverain moderne inspire immédiatement confiance grâce à ses caractéristiques techniques, établissant ainsi un standard qui ne changera plus pendant plus de deux siècles, transformant cette pièce en étalon de valeur de la première puissance économique et financière du monde.

Quand George IV succède à son père en 1820, le souverain est déjà bien établi. Il circule parmi les négociants, les banquiers et les grandes maisons de commerce qui l’emploient pour solder des dettes ou régler des transactions d’envergure, en particulier dans le commerce maritime et les paiements inter-étatiques. Cependant, dans les sphères bourgeoises, on tend davantage à thésauriser le souverain qu’à le dépenser.
George IV, prince régent pendant la maladie de son père et grand amateur d’art et de luxe, apporte à la pièce une élégance qui reflète son goût prononcé pour le raffinement. Le portrait du roi est ainsi gravé avec une finesse remarquable, évoquant par son iconographie les bustes antiques de l’époque romaine ; ce qui reflète parfaitement l’esprit néoclassique qui domine le début du XIXe siècle. L’inscription latine évolue légèrement pour devenir « GEORGIUS IV D G BRITANNIAR REX F D » soit George IV, par la Grâce de Dieu, roi des Britanniques, Défenseur de la Foi.
La gravure atteint sous son règne un niveau de qualité technique rarement égalé en Europe, la frappe étant d’une précision impeccable qui témoigne des progrès considérables de la Royal Mint dans la maîtrise des nouvelles techniques de frappe mécanique. Dans le champ de la gravure, on aperçoit également les initiales « B.P. » du médailleur italien Pistrucci Benedetto, ainsi que la date de frappe.
Le revers conserve naturellement le magnifique Saint Georges de Pistrucci. Sous George IV, le souverain ne se contente plus d’être une simple monnaie, il devient une véritable œuvre d’art miniature, alliance parfaite entre fonction économique et beauté esthétique, reflétant les ambitions culturelles d’un roi qui cherche à faire de son règne un âge d’or artistique.

Guillaume IV, poursuit l’œuvre monétaire de son frère et son règne, bien que relativement bref, voit le souverain s’affirmer définitivement comme instrument d’échange privilégié des milieux financiers.
Entre 1831 et 1837, fait rarissime dans l’histoire du souverain, la Royal Mint délaisse la célèbre scène du Saint Georges terrassant le dragon pour lui substituer un écu royal couronné, orné des armes du Royaume-Uni et entouré du collier de l’ordre de la Jarretière. Cette décision s’explique par les tensions persistantes entre Benedetto Pistrucci, auteur du revers originel et la direction de l’institution. En effet, alors que la Royal Mint souhaite introduire un nouveau type monétaire lors de l’accession de Guillaume IV, Pistrucci refuse toute modification de son dessin originel.
Le graveur en chef William Wyon, chargé du portrait royal, opta donc pour une composition héraldique, plus institutionnelle et politiquement neutre, dont la solennité convenait parfaitement à l’esprit du règne. D’inspiration médiévale, ce dessin affirme avec éclat la légitimité dynastique du roi tout en conférant à la pièce une symbolique inédite.
L’écu est écartelé, c’est-à-dire divisé en plusieurs quartiers représentant les royaumes constitutifs de la Couronne britannique. En haut à gauche et en bas à droite, les trois lions symbolisent l’Angleterre. En haut à droite, le lion rampant représente l’Écosse et en bas à gauche, la harpe d’or sur champ d’azur incarne l’Irlande. Ces quatre champs manifestent l’idée d’un royaume composite mais indivisible, avec au centre les armes du duché de la dynastie hanovrienne à laquelle appartient Guillaume IV, incluant le lion de Brunswick, le cheval blanc de Saxe et une petite couronne électorale.
Ce qui caractérise également ce règne, c’est la diffusion géographique sans précédent du souverain qui devient progressivement la monnaie de confiance dans tout l’Empire britannique en pleine croissance. En Inde, en Australie, en Afrique du Sud et dans la plupart des territoires où flotte l’Union Jack, les marchands, banquiers et négociants reconnaissent dans le souverain une valeur sûre, gage d’or véritable et de confiance et ils l’acceptent donc volontiers dans les transactions de grandes valeur.

Le règne de Victoria, le plus long du XIXe siècle avec ses 63 années, représente véritablement l’apogée du souverain et son affirmation définitive comme « chief coin of the world ». Pendant ces six décennies extraordinaires, l’Empire britannique atteint son expansion maximale, contrôlant près d’un quart de la population mondiale et le souverain devient naturellement la monnaie de cet empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. Ce qui rend le règne victorien particulièrement fascinant d’un point de vue numismatique, c’est l’évolution visible de la reine à travers trois portraits successifs qui racontent visuellement l’histoire d’une femme et d’une époque.
Le premier portrait, le « Young Head » montre une jeune reine de 18 ans au visage idéalisé et romantique, pleine de grâce et de promesses. L’inscription « VICTORIA DEI GRATIA BRITANNIAR REGINA F D » soit Victoria, par la Grâce de Dieu, reine des Britanniques, Défenseur de la Foi.
Le deuxième portrait, le « Jubilee Head », commémore les 50 ans de règne de la reine et présente une souveraine mature portant une petite couronne et un voile, symbole de son veuvage après la mort du prince Albert.
Enfin, le troisième portrait, le « Old Head »ou « Veiled Head », dépeint une Victoria âgée mais toujours digne, incarnant la grand-mère de l’Europe et la figure maternelle de l’Empire britannique.
Sous le règne de Victoria, la Royal Mint ouvre plusieurs ateliers de frappe en Australie pour répondre à la demande croissante de l’Empire. La première succursale voit le jour à Sydney en 1855 et ses pièces portent la marque « S ». Vient ensuite celle de Melbourne, mise en service dès 1872, identifiable à la lettre « M ». Enfin, à partir de 1899, l’atelier de Perth entre en activité et signe ses souverains de la marque « P ». Chaque atelier appose sa marque distinctive sous le cou du monarque ou dans le champ du revers et l’absence de marque indique une frappe londonienne.
Ces différentes provenances font aujourd’hui l’objet d’une attention particulière de la part des numismates, certaines années et certains ateliers ayant produit des quantités beaucoup plus limitées sont ainsi très recherchés.

Le règne, bref, d’Édouard VII, confère au souverain une élégance sobre et mesurée, marquant la transition entre la solennité victorienne et l’esthétique du monde moderne. Le roi y apparaît tête nue, sans couronne, dans un style épuré qui traduit la modernité et la confiance tranquille du nouveau siècle.
L’inscription évolue pour refléter l’expansion impériale « EDWARDVS VII D G BRITT OMN REX F D IND IMP » soit « Édouard VII, par la Grâce de Dieu, roi de tous les Britanniques, Défenseur de la Foi, Empereur des Indes ». L’ajout du titre « IND IMP » pour « Imperator Indiae » soit en français « Empereur des Indes » souligne l’importance cruciale de l’Inde dans l’Empire britannique. Sous Édouard VII, la production de souverains atteint des sommets, avec un nouvel atelier qui commence sa production en 1908 à Ottawa au Canada avec des pièces marquées d’un « C ».

Le règne de George V traverse l’horreur de la Première Guerre mondiale, les turbulences de l’entre-deux-guerres et la Grande Dépression et le portrait de George V, grave et digne, reflète le caractère sérieux d’un roi qui doit guider son peuple à travers des épreuves sans précédent. L’inscription conserve la formule impériale « GEORGIUS V D G BRITT OMN REX F D IND IMP ».
Le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914 met fin à la Belle Époque et à la stabilité monétaire qui l’accompagnait. Face aux dépenses militaires, le gouvernement britannique suspend la convertibilité de la livre sterling en or. Les pièces d’or sont même retirées de la circulation et fondues pour financer l’effort de guerre.
Afin de répondre aux besoins de l’Empire et de faciliter les échanges dans les régions éloignées du Royaume-Uni, de nouveaux ateliers coloniaux sont mis en service et en 1918, la Royal Mint de Bombay frappe alors pour la première et unique fois de son histoire des souverains, identifiables à leur marque « I ». Quelques années plus tard, en 1923, un autre atelier ouvre à Pretoria, en Afrique du Sud avec sa marque distincte « SA ». Il deviendra rapidement un centre majeur de production pour le commerce impérial, jusqu’à la fermeture des ateliers coloniaux en 1932, lorsque la frappe est définitivement suspendue à la suite de l’abandon de l’étalon-or.
Après 1918, le souverain ne retrouve jamais son rôle de monnaie quotidienne et l’étalon-or, brièvement rétabli en 1925, est définitivement abandonné en 1931, emporté par la crise mondiale. Les dernières frappes régulières, issues notamment des ateliers de Pretoria, Melbourne et Perth, servent avant tout au commerce international, notamment avec le Moyen-Orient et l’Inde, où le souverain reste une référence de fiabilité.

George VI accède au trône en 1936 dans des circonstances exceptionnelles, après l’abdication de son frère Édouard VIII qui renonce à la couronne pour épouser l’Américaine divorcée Wallis Simpson. Ce roi réservé, peu préparé à régner, devient pourtant l’un des symboles du courage britannique. Malgré son bégaiement et ses doutes, il guide son peuple avec dignité pendant la Seconde Guerre mondiale et incarne la ténacité d’une nation meurtrie mais victorieuse.
L’inscription « GEORGIVS VI D G BR OMN REX F D IND IMP » maintient encore, dans les premières années, le titre d’Empereur des Indes, mais celui-ci disparaîtra en 1948 après l’indépendance de l’Inde, reflétant le début du démantèlement de l’Empire. Durant la seconde guerre mondiale, pratiquement aucun souverain n’est frappé à Londres, toutes les ressources métalliques étant mobilisées pour l’effort de guerre. Les rares émissions ultérieures, notamment celles produites à Pretoria dans les années 1950, sont destinées à des usages précis, principalement pour maintenir une présence symbolique dans certains marchés internationaux où le souverain conserve sa réputation séculaire.
C’est une période crépusculaire pour la pièce, qui semble appartenir désormais à une époque révolue, celle de la grandeur impériale et de l’étalon-or, deux piliers qui se sont effondrés sous les coups des deux guerres mondiales. Mais l’interruption prolongée des frappes donne naissance à un phénomène inattendu dans les années 1950 avec l’apparition massive de faux souverains sur le marché international. Des ateliers clandestins, principalement situés au Moyen-Orient et en Italie, produisent des contrefaçons de qualité variable, souvent datées d’années fictives du début du XXe siècle. Ces faux circulent particulièrement dans les pays où le souverain reste populaire. Face à cette situation, la Royal Mint prend la décision de reprendre la production en 1957, non plus pour la circulation monétaire, mais spécifiquement pour satisfaire la demande des investisseurs et des collectionneurs.

L’accession d’Élisabeth II en 1952 marque le début du règne le plus long de l’histoire britannique, 70 années qui verront le souverain connaître une véritable renaissance et s’imposer de nouveau comme pièce d’investissement de référence mondiale. Le tournant décisif survient en 1957, quand la Royal Mint reprend la production pour contrer la prolifération de faux souverains sur le marché international. Plus tard, en 1979, la frappe reprend de façon plus soutenue, stimulée par la hausse du cours de l’or et la demande croissante de valeurs refuges dans un contexte économique incertain.
Ce qui caractérise le règne élisabéthain, c’est la remarquable évolution du portrait de la reine à travers cinq effigies successives qui reflètent son vieillissement tout en préservant sa dignité. L’inscription évolue également, devenant simplement « ELIZABETH II D G REG F D » soit « Élisabeth II, par la Grâce de Dieu, reine, Défenseur de la Foi », abandonnant les références impériales devenues obsolètes après la décolonisation.
Le revers conserve fidèlement la figure du Saint Georges de Pistrucci, ce chef-d’œuvre intemporel qui continue de symboliser la couronne britannique. Sous Élisabeth II, le souverain se transforme car ce n’est plus une monnaie de circulation mais une pièce d’investissement produite en versions « bullion » pour l’épargnant et « proof » pour le collectionneur. Fabriquée avec des techniques modernes dans les ateliers de Llantrisant au Pays de Galles, le souverain contemporain conserve scrupuleusement les spécifications établies en 1817 et c’est cette extraordinaire continuité qui fait la force de cette pièce et qui contribue à sa reconnaissance universelle.

Depuis 2022, le souverain entre dans une nouvelle ère avec l’accession de Charles III, devenu roi à 73 ans après avoir été le plus long héritier du trône de l’histoire britannique. Cette transition historique, la première depuis 70 ans, suscite immédiatement un intérêt renouvelé pour le souverain, les collectionneurs et investisseurs sachant que les premières pièces frappées sous un nouveau règne sont toujours particulièrement prisées et recherchées.
Le portrait de Charles III montre le roi de profil gauche, respectant la tradition d’alternance qui veut que chaque nouveau monarque regarde dans la direction opposée à son prédécesseur. Sa tête nue, sans couronne, exprime une image sobre et contemporaine, symbole d’un règne tourné vers la modernité. L’inscription « CHARLES III D G REG F D » soit « Charles III, par la Grâce de Dieu, roi, Défenseur de la Foi » perpétue la formule établie et maintenant ainsi ce lien ininterrompu entre les souverains britanniques.
Le classique Saint Georges terrassant le dragon de Pistrucci demeure le revers principal et le plus reconnaissable, mais la Royal Mint a également introduit sous Charles III plusieurs dessins alternatifs pour marquer des occasions spéciales ou célébrer différents aspects du patrimoine britannique, perpétuant ainsi la tradition d’innovation tout en respectant l’héritage.
| Effigie / Type | Années de frappe | Diamètre | Titre (or) | Poids de la pièce | Poids d’or fin |
| Henri VII (roi assis sur trône) | 1489–1509 | ~40 mm | 23 carats (958 ‰) | 15,55 g | ~14,9 g |
| Henri VIII (1ère émission) | 1509–1526 | ~40 mm (est.) | 23 carats (958 ‰) | ~15,5 g | ~14,8 g |
| Henri VIII (dévaluation) | 1544–1547 | ~33 mm (réduit) | 20–22 carats | 12,44 g | ~10,4 g |
| Édouard VI (fine sovereign, 30 shill.) | 1551–1553 | ~40 mm (est.) | 23 carats (958 ‰) | ~15,3 g | ~14,6 g |
| Édouard VI (crown gold, 20 shill.) | 1551–1553 | ~30 mm | 22 carats (916 ‰) | 11,31 g | 10,37 g |
| Marie Ire (fine sovereign) | 1553–1555 | ~40 mm (est.) | 23 carats (958 ‰) | ~15,3 g | ~14,6 g |
| Élisabeth Ire (crown gold) | 1558–1603 | ~30 mm | 22 carats (916 ‰) | 11,31 g | 10,37 g |
| Jacques Ier (dernier souverain) | 1603–1604 | ~30 mm | 22 carats (916 ‰) | 11,14 g | 10,20 g |
| George III (buste lauré) | 1817–1820 | 22,05 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| George IV (1er portrait « George IIII ») | 1821–1825 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| George IV (2ᵉ portrait « George IV ») | 1825–1830 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Guillaume IV (buste) | 1831–1837 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Victoria « Jeune Tête » – armoiries | 1838–1874 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Victoria « Jeune Tête » – saint Georges | 1871–1885 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Victoria « Tête couronnée du jubilé » | 1887–1892 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Victoria « Tête voilée » (vieille) | 1893–1901 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Édouard VII (buste) | 1902–1910 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| George V (buste) | 1911–1925 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| George VI (proof uniquement) | 1937 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Élisabeth II (1er portrait, jeune) | 1957–1968 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Élisabeth II (2ᵉ portrait, maturité) | 1974–1984 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Élisabeth II (3ᵉ portrait, âgée) | 1985–1997 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Élisabeth II (4ᵉ portrait, fin de règne) | 1998–2022 | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
| Charles III (buste) | 2022 – aujourd’hui | 22 mm | 22 carats (917 ‰) | 7,99 g | 7,32 g |
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